Chapitre V

_ Vas-y, frappe moi continua Craig. Ce n'est pas ça qui la fera revenir et tu le sais très bien.
_ Ne parle pas d'elle, cria Justin.
_ T'as besoin de crever l'abcès avec cette histoire et parler d'elle est la meilleure des solutions.
_ Pour l'avoir encore plus dans ma tête et me remémorer son abandon ? J'suis plus fort que ça, je n'ai pas besoin de parler d'elle.
_ Alors pourquoi rendre les jours de Veronica une horreur, hein ? Elle a fait quoi pour mériter ça ? hurla Craig.
_ Tout me ramène à elle bordel ! Ses manières de faire, d'être, son sourire, ses paroles et..
_ Son handicap ?
_ Veronica n'est peut-être pas Mackenzie, assura Justin, mais ce point en commun me rend fou.
_ Tu avais du respect pour Mack, fais en de même pour Ronnie, renchérit Craig d'une voix dure.
_ J'avais, tu as bien fait de le préciser. Je n'ai plus de respect pour quiconque dorénavant.
_ Continue seulement sur ce terrain Bieber et je peux t'assurer que l'ancien Craig ressortira.
_ Ah oui ? rit-il. Je croyais qu'il était parti. Pouf, envolé !
_ Quand on joue avec mes nerfs, il revient très facilement. Mackenzie aurait honte de toi, de ce que tu es devenu.
_ A mes yeux, cette fille est morte. Alors tout ça m'importe peu.
_ Tu n'es qu'une merde.
_ Et toi qu'une chochotte.

Craig mit un dernier coup à Justin qui me parut beaucoup plus brutal que les précédents et cracha "Sacré poing pour une chochotte". Il s'en alla le laissant derrière lui et revint vers moi, le regard rouge de rage. Je n'osais plus ouvrir un seul mot de ma bouche de peur de l'énerver davantage. J'avais regarder la scène se déroulait sous mes yeux. Leur discussion était parvenue à mes oreilles laissant un trouble s'immiscer en moi. Qui était cette Mackenzie ? Contre toute attente, je venais d'apprendre qu'elle aussi était muette. Mais je n'étais pas elle, Justin lui-même l'a dit, alors qu'il me laisse en paix une bonne fois pour toute. Je ne pouvais pas lui ressembler comme deux gouttes d'eau, nous étions tous différents. Pourquoi fallait-il que toute cette histoire tombe sur moi ?

_ Qui est Mackenzie ?
_ Ne t'occupe pas de cette histoire Veronica.
_ Excuse moi mais je me souffre justement à cause de cette histoire comme tu dis. Alors j'estime avoir le droit d'être au courant.
_ Ce n'est certainement pas moi qui t'en parlera et je doute fort que Justin veuille s'exprimer sur ce sujet.
_ Alors je vais devoir subir pour elle encore longtemps, c'est ça ?
_ Justin souffre tellement qu'il ne s'arrêtera pas, fit Craig en soufflant.
_ Je ne suis pas là pour payer à la place des autres. Je ne suis pas cette fille bordel ! J'en ai marre.
_ Le match commence, on ferait mieux de regarder Hollie jouer.
_ Toi regarde la, moi je rentre, dis-je énervée.

Je m'étais tout le monde dans le même sac mais je n'en pouvais plus. Ce n'était pas une vie. Craig ne me retint pas sachant qu'il fallait me laisser seule dans ce genre de moment. Je descendis des gradins et vis Hollie me regarder de loin. Elle me dit une moue triste. Je lui mimai "Tu es une championne, je compte sur toi ! ". Elle le comprit après réflexion et m'envoya un baiser suivi d'un grand sourire. Je ne m'attardai pas et quittai la salle.
Nous étions en plein mois de Décembre. Je n'ai jamais aimé cette période de l'année. L'hiver, le froid, la neige, le verglas. Je détestais devoir me couvrir de plusieurs couches de vêtements dans le but de me réchauffer. J'haïssais encore plus le fait d'avoir constamment froid. Cependant, j'avais toujours été amusée par la buée qui sortait de ma bouche à chaque fois que je l'ouvrais. Une vraie enfant ! Je dois dire que cela ne m'a pas quittée puisque, pour pas changer, je réitérai cette action à ce moment. S'en était devenue une distraction au fil du temps.
Je marchais lentement, à vrai dire je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Devoir subir cette ambiance pesante à la maison ne me plaisait pas. J'aimais Maman, plus que tout, mais lorsque je la voyais, je ne pouvais m'empêcher de repenser à ces moments avec mon père. Il fallait que je me rebooste et que j'aille de l'avant. Mais comment y parvenir lorsque tout vous pousse au plus bas ? Une présence se fit ressentir derrière moi. Une présence qui devenait de plus en plus proche de moi. Je ne voulais pas me retourner bien trop effrayée. La seule chose que je pus faire fut d'accélérer mes pas. Une main s'empara de mon bras me faisant retourner de force. Il plaça la seconde sur ma bouche.

_ Chut, je ne te veux pas de mal.

Cette voix, je la connaissais que trop bien. Justin. Mais, était-il débile pour avoir placé sa main sur ma bouche ? Avait-il oublié que j'étais muette et donc, de ce fait, que je ne pourrais en aucun cas crier ou parler ? Je remettais son intelligence en question par moment. Trêve de pensées. Je tirai brutalement sur mon bras afin que Justin n'ait aucune pression sur moi.

_ Tu dois me détester, fit-il presque normalement.
Détester était un bien trop faible verbe.

_ Je veux que t'oublies ce qu'il s'est passé avec Craig tout à l'heure. C'était n'importe quoi.
_ Tu n'as pas besoin de me mentir.
_ Oublie, dit-il froidement. C'est tout.
_ Tu connais le langage des signes. Ce n'était pas n'importe quoi.
_ Et alors ? Je n'ai plus le droit de faire ce que je veux de mes heures perdues maintenant ?
_ Tout ce qui sort de ta bouche sonne tellement faux, si tu savais. Arrête de te cacher.
_ Mais t'es qui pour me dire ça ? s'énerva-t-il. Tu ne me connais pas alors ferme la !
_ Et toi, t'es qui pour me faire ça ? Tu ne me connais pas alors arrête !
_ Ne joue pas à la plus maligne avec moi, Preston.
_ Je ne joue pas. Je suis tes débilités.
_ Ah oui ? Tu es bien nulle dans ce cas. Moi qui te croyais plus intelligente que ça.
_ Me faire culpabiliser ou autre ne marchera pas. Non, ça ne marchera plus. J'ai trop souffert à cause de toi et j'en ai marre. Tu comprends ça ? J'en ai plus que marre ! J'ai entendu votre conversation avec Craig. Et qui que ce soit, cette Mackenzie, je ne suis pas elle alors cesse de me faire payer à sa place.
_ Vous êtes toutes les mêmes.
_ Et oh, je n'y peux rien moi si ton amourette a mal fini.
_ Mon amourette ? rit-il sarcastiquement.
_ Oui.
_ Tout ça montre encore plus à quel point ton intelligence ne vole pas haut. Tu ne me connais définitivement pas alors évite de parler de choses dont tu n'es pas certaine.
_ Alors arrête toi deux minutes d'être arrogant et explique moi, bordel !

J'avais une envie folle d'hurler sur sa personne. Mais tout m'en empêchait. Il ne voyait même pas à quel point j'étais énervée.

_ Tu n'es pas assez importante pour ça.
_ Alors toi, oublie moi.
_ Non. Je ne peux pas. Je n'y arrive pas.

Des larmes de rage commencèrent à couler le long de mes joues. Je ne contrôlais plus rien. Je déposais les armes.

_ Mais...pourquoi ? mimai-je avant d'éclater en sanglots.
_ Je te promets Ronnie, commença-t-il les larmes aux yeux, tu lui ressembles. Tu es elle. En tout point. Et je n'arrive pas à te sortir de ma tête.
_ Qui est-elle ?
_ Elle était l'amour de ma vie.

Justin passa ses mains dans ses cheveux et se mit à pleurer. Des larmes de rage et de tristesse à la fois. Je ne savais pas où tout ça allait nous emmener mais à cet instant, je compris qu'il cachait un secret pesant et que, derrière ses airs de mec arrogant et mauvais, il était déchiré. Il souffrait. Et tout ce qui l'intéressait était de faire souffrir les autres pour montrer à quel point cette fille l'avait détruit. Mais il ne comprenait pas que ce n'était pas la solution.
Tout me revint en tête. Ses moments calmes, ses bisous, ses attentions, tout cela avait des liens. Mais quels liens ? Je pris sur moi, j'effaçais ma colère et m'accroupis à ses côtés alors qu'il était assis sur un trottoir. Je lui embrassais délicatement la joue comme il avait bien pu le faire avec moi.

_ Je la déteste tellement si tu savais. Je ne peux pas être gentil avec toi, dit-il en levant sa tête vers moi, elle m'a rendu faux, méchant, sans coeur. Je la hais, de tout mon coeur, je la hais.
_ Laisse moi tranquille, s'il te plaît.
_ Non, Ronnie, non. J'ai besoin de me venger et malheureusement, tu es son sosie craché. Je suis désolé.
_ Certainement pas autant que moi.
_ Ne m'en veux.
_ Tu fais tout pour que je t'en veuille jusqu'à la fin de ma vie Justin. Tu fais de ma vie un cauchemar éveillé. Tu me rends encore plus faible que je ne peux l'être. Tu aimes me ridiculiser en public et ça, je ne l'oublierai jamais.
_ Arrête de pleurer petit coeur, susurra-t-il en passant son doigt sur mes joues pour stopper mes larmes.

Petit coeur, venait-il de dire. C'était les mots de trop. Je m'effondrai au sol laissant tous mes membres lâcher. Je ne voulais plus rien retenir, je voulais me laisser aller ce soir. Combien de temps avais-je bataillé ? Et combien de fois avais-je été "récompensée" ? Aucune. Tout d'abord, les humiliations au lycée, ensuite la mort de mon père et maintenant cette nouvelle qui me mettait hors de moi. Je n'en pouvais plu de souffrir gratuitement ! Je détestais intérieurement cette fille de me faire subir tout cela à sa place. J'étais, comme qui dirait, le bouc émissaire. Et seul Justin pouvait arrêter cela mais manifestement, il ne le voulait pas. A croire que tout cela lui plaisait au fond de lui.
Je sentis une veste se plaçait sur moi. A la vue de mes tremblements, Justin avait jugé bon de me recouvrir. Je sentis, la seconde d'après, des bras enroulaient mes épaules. Il me réchauffait physiquement. Je ne savais pas sur quel tableau il jouait mais je n'étais plus apte à riposter. Il venait de gagner une nouvelle bataille. Et je me sentais si stupide à cet instant.

_ Craig a raison. Je deviens ingrat et stupide, tout comme elle, chuchota Justin, au creux de mon oreille.

A quoi bon lui demander une nouvelle fois de qui il s'agissait. Je savais d'avance qu'il n'allait pas me répondre et me faire tourner en bourrique. Je fermai mes yeux et les serrai fort. Je voudrais me réveiller, là, maintenant, tout de suite. Découvrir que tout ceci n'était qu'un rêve. Sans le vouloir, je commençai à tomber dans un lourd sommeil. Je luttais coûte que coûte ne voulant pas m'endormir n'importe où mais les bras de Justin me réchauffait tellement et étaient tellement confortables que je n'avais aucune résistance face à tout cela.

_ Demain tout redeviendra pareil. Je te le promets. Dors bien, Mackenzie.

Je sombrais dans un profond sommeil.

Je me réveillais avec un mal de dos horrible. Je me frottai les yeux doucement avant de les ouvrir définitivement. Où étais-je ? Je me trouvais à l'arrière d'une voiture qui ne me disait rien du tout. Oh mon dieu, je venais de me faire enlever ! J'essayai d'ouvrir les portes mais rien à faire, toutes étaient fermées. Je me penchai à l'avant et découvris un porte-feuille. Je l'ouvris et, surprise, je découvris qu'il s'agissait de celui de Justin. Qu'est ce que je foutais dans sa voiture, bordel ? Je fermai une nouvelle fois mes yeux et me remémorai les souvenirs de la veille. Une multitude de flash-back me revinrent en tête ce qui m'aidait à me rappeler de tout. Justin ne m'avait pas laissée seule la nuit dernière.
Je fouillai à l'intérieur de celui-ci et tombai sur une photo. Il était tout sourire aux côtés d'une jolie jeune fille qui...me ressemblait. Il n'avait donc pas menti ! Tout cela m'effrayait énormément. Ces ressemblances ne devraient pas exister. Je regardai le dos de la photo et mon coeur ne fit qu'un tour. "I love u little sist'..
Des larmes commençaient à piquer mes yeux. Mackenzie n'était autre que la soeur de Justin. Je rangeais précipitamment le porte-feuille à sa place et me replaçai sur la banquette arrière. Deux-trois larmes coulèrent mais je les stoppai immédiatement. Non, je n'avais pas le droit de pleurer. Je voulais comprendre !
Justin sortir enfin de chez lui pour se diriger vers la voiture. Je fis tout pour paraître naturelle mais tout me semblait compliqué.

_ Tu vas bien ? dit-il froidement en ouvrant la portière arrière.
Je le regardai sans lui répondre. C'était au dessus de mes forces.
_ Je t'ai apporté un croissant et un choco-

Je ne le laissai pas finir sa phrase que j'envoyais tout valser par terre pour finir par courir je ne sais où. Je voulais être loin de lui.

_ Veronica, cria-t-il. Oh, Ronnie !

Je courrai. Encore et encore. J'avais un point de côté mais cela m'importait peu. Il fallait que je parte d'ici. Je ressentais le besoin d'être seule, au calme, pour avaler tout ce qui m'arrivait en ce moment. Je me croyais droit sortie d'un film !

_ Remonte dans la voiture.

Je n'avais même pas entendu la voiture de Justin à mes côtés. Il était énervé et ne semblait pas être beaucoup patient. Je m'en fichais.

_ Je ne rigole pas Veronica. Monte dans cette putain de bagnole.
_ Je rentre à pieds. Je ne suis plus une enfant.
_ Non, tu es pire que ça.
_ Ta gueule.
_ Toi ferme ta gueule, hurla t-il voyant que je ne l'écoutais pas.

Je me stoppais, le regardai attentivement voir même bêtement. Il lut dans mes pensées puisqu'il se rendit compte que sa phrase était d'une pure débilité.

_ J'te ramène au lycée bordel ! C'est bon, je ne vais pas faire joujou avec toi.
_Je sais.
_ Alors, monte, dit-il en épelant syllabes par syllabes.
_ Ramène moi chez Craig, fis-je une fois installée sur le siège.
_ Pourquoi ? Tu sors avec lui ? demanda t-il intéressé.
_ Parce que ça te regarde peut être ?
_ Oh c'est bon. Pas besoin d'être agressive.
_ Vois ça avec ta conscience.
_ Qu'est c'que t'as à la fin ?
_ Nada.

Nous ne nous adressâmes plus aucuns mots tout le long du trajet. Ma tête était posée contre la fenêtre et mon regard se perdit dans le paysage. J'étais mentalement seule. Et cela faisait du bien.

Sms de Maman : Où es-tu ? Je me fais un sang d'encre ! Réponds-moi s'il te plait.

Je me mordis la lèvre de gêne. Je me détestais de ne pas lui avoir donné de nouvelles. Elle souffrait déjà assez comme ça de la disparition de mon père et moi j'en rajoutais une couche pour couronner le tout.

_ T'es sexy quand tu te mords la lèvre tu sais, rit Justin.
Je ne fis pas attention à ses paroles et répondis immédiatement à ma maternel.

Sms à Maman : J'ai dormi chez Hollie. Excuse moi de ne pas t'avoir prévenue mais hier soir nous étions à son match d'Handball et j'étais trop crevée pour prendre la route jusqu'à la maison. Et mon téléphone n'avait plus de batterie. On se voit ce soir, bisous, je t'aime Mamoune.

J'avais horreur du mensonge mais manifestement je n'avais pas d'autres choix.

_ Bon. Que je mette bien les choses au clair, tu ne parles à personne de ce qui s'est passé hier soir.
_ Pourquoi ? Tu as honte ?
_ C'est exactement ça. J'ai honte d'être vu avec une pauvre fille muette.

Je le regardais avec des yeux revolver et reportai mon attention sur la route. Justin s'arrêta quelques mètres avant le lycée.

_ Sors ici.

Avec grand plaisir tiens ! Pauvre type. Je sortis et claquai la porte. Justin accéléra vers le parking alors que moi je devais tout me taper à pieds. De toute manière, je préférais être seule qu'avec cette ordure qui me prenait pour sa soeur. Je cherchai du regard Craig ou Hollie et les trouvai sur un banc dans la cour. Je les rejoignis et leur fis les bises.

_ Tu vas bien ? demanda Hollie.
_ Oui, tu as petite mine, renchérit Craig.
_ Je dois vous parler.
_ Qu'est ce qu'il se passe ? Et pourquoi tu n'es pas venu avec ton bus ? me questionna mon amie.
_ Hm...Je..Je l'ai loupée.
_ Hey, faut dormir la nuit pour pouvoir se lever le matin à l'heure.
Je fis semblant de rire pour me moquer d'eux.

_ J'ai besoin de vous.
_ Pour quoi ?
_ Est ce que Mackenzie est la soeur de Bieber ?
_ D'où tu tiens ça ? se redressa immédiatement Craig.
_ Peu importe. Répondez-moi.
_ Non Ronnie ! Dis nous d'où tu tiens ça. Si Justin le sait, je ne donne pas chère de ta peau.
_ Hein ? dis-je surprise. Il n'y a pas mort d'homme à savoir ça quand même !
_ Tu sais, commença Hollie, tant qu'il n'aura pas fait son deuil, tout ce qui est en rapport avec Mack le met hors de lui.
_ Elle est morte ? essayai-je de comprendre.
_ Pas vraiment, non, répondit Craig.
_ Comment ça, pas vraiment ?
_ Ecoute Veronica, on t'en a déjà trop dit là. Excuse nous mais on s'arrête là dans la conversation.
_ Mais je veux comprendre !
_ Et tu comprendras. Sois en certaine.

La sonnerie retentit nous signalant le début des cours. Craig s'en alla rapidement tandis qu'Hollie avançait à mes côtés.

_ Tu étais partie où hier soir ? me demanda-t-elle.
_ Pardon ?
_ Et bien oui. Tu n'es pas restée pour voir mon match donc je suppose que tu avais quelque chose de prévu au final, sourit-elle.
_ Ah ! me souvins-je. Oui, hm, Maman m'avait envoyée un message me demandant de rentrer parce qu'elle n'allait pas super bien.
_ Comment elle va depuis...tu sais, dit-elle gênée.
_ Elle fait tout pour aller bien mais je sens que c'est dur pour elle. Son sourire est faux et c'est moche de la voir comme ça.
_ Et toi ?
_ Je suis détruite intérieurement.
_ On a gagné hier soir, balança-t-elle pour changer de sujet voyant mon malaise. 32-13.
_ Vous êtes des warriors.

Nous dûmes nous séparer pour rejoindre nos classes respectives. Je fis donc le reste du chemin seule et entrai dans la salle de Mathématiques. Comme à mon habitude, j'étais installée au fond près de la fenêtre. Je passais la majeur partie de mon temps à rêvasser dans ce cours et à être captivée par tout ce qu'il se passait à l'extérieur. Les mathématiques n'était pas ma tasse de thé. Je préférais largement le français et tout ce qui s'en suit. Le professeur commença son cours alors que seulement la moitié des élèves l'écoutait. La porte s'ouvrit brutalement laissant place à Justin.

_ Et bien monsieur Bieber, la ponctualité vous va toujours autant à ce que je vois, ironisa le professeur.
_ C'est pas l'jour pour m'casser les couilles, répondit le concerné.
_ Vous allez prendre un autre langage avec moi.
_ J'vous parle comme je l'veux, j'ai tous mes droits encore.
_ Oui, notamment celui d'être respectueux envers les personnes qui vous entourent.
_ Je les emmerde, sourit-il.
_ Très bien. Le proviseur se fera un plaisir de vous recevoir.
_ J'ai pris l'abonnement, ça m'dérange pas.

Justin essayait de jouer au plus con avec le professeur, je pensais que tout le monde l'avait remarqué. Je n'avais plus que de la peine à son égard. Il me dégoûtait tellement mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur de lui, de ce qu'il pourrait être capable de faire et dire. Par sa faute, j'étais devenue beaucoup plus sensible.

_ Mademoiselle qui rêvasse, vous l'accompagnez et vous assurerez qu'il se présente au bureau de monsieur le proviseur.

Si j'avais pu, j'aurai cherché mille prétexte pour ne pas aller avec lui. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ? Nous étions 32 mais non, c'était moi qu'il avait choisi.Je me levais en soufflant et rejoignis Justin qui s'était déjà volatilisé. Nous marchions dans le silence jusqu'au bureau. Je sentais le regard de Justin sur moi par moment mais pris sur moi du mieux que je pouvais pour l'ignorer. Je le voyais qui continuait d'avancer alors que nous devions nous arrêter. Je me doutais très bien qu'il ne s'y rendrait pas, cela aurait été trop beau pour être vrai. Je m'accoudai contre le mur en tapant du pied alors que monsieur était toujours entrain d'avancer. Même pas mon absence l'avait interloqué. Un certain temps après, je le vis qui se retourna vers moi. Il me sourit.

_ Oh, tu fais quoi la muette ? T'as quand même pas cru que j'irai chez son proviseur de merde, rit-il. Allez, viens !

Je secouai négativement la tête. J'avais mon baccalauréat en fin d'année à passer. Je ne pouvais donc pas me permettre de louper mon heure de mathématiques déjà que je n'y comprenais rien. Puis, qu'est ce que j'irai faire avec Justin !

_ Fais pas ton intello comme ça. Il ne se doutera de rien.

C'était hors de question.
Il se rapprocha de moi doucement en soufflant. Et oui, je ne devais sans doute pas être prévue dans le plan. Il prit mes joues dans ses mains et me regarda dans les yeux.

_ T'en as pas marre de toujours suivre les règles, écouter ce qu'on te dit et faire ce qu'on te demande ? Tu veux pas, rien qu'une fois, les enfreindre et profiter ?

Ce mec n'était qu'un bipolaire né. Je baissai les yeux. Il prit ma main dans la sienne et me tira vers l'extérieur. Je ne disais plus rien, il avait raison. Je faisais toujours tout en fonction d'un tel ou un tel, je "suivais les règles" sans jamais ronchonner et rien qu'une fois, je voulais transgresser tout cela. Puis autant profiter du Justin gentil et attachant.
Je me détestais à la minute où j'avais posé un pied dans cette voiture luxueuse après avoir répondu à son sourire. Mais j'étais décidée, aussi, à lui avouer pour sa soeur. Courage Ronnie.